Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Tel-Aviv 100
30 janvier 2009

Burning my negatives / détruire mes négatifs

Video of the destruction

The 11th of January 2010, I destroyed all the original negatives from the serie, about seventeen films of 36 BW exposures each.

After working for more than a year on that project, it appeared to me that it is necessary to bring the attention of a certain public about the signification of this action.

More than a year of work, two trips for the shooting, an incredible amount of contacts with public and private institutions for... NOTHING concrete.

The paradoxe was the gap between the huge appreciation this work received and the no policy of engagement from the various structures supposed to encourage creation, and artists.

Without getting into the full details with a list of all stories related to that, I would like to bring some explanations.

I admit that I accepted a certain amount of free publications in order to give the maximum of visibility to that work, before I finally realized the systematic vampirism from all structures interested into the work I produced.

Through all my contacts, the work was seen as extremely positive and significant, even necessary but the answer was always the same: "we're sorry but we have no budget to pay you". What used to be the limits of the system apparently became A system...

That lead to the hanging of a part of serie at the Museum of Modern Art in Tel-Aviv for three months, at the exibition of the complete serie at the headquater of the most important israeli insurance compagny for two months, at numerous publications in a press willing to communicate (for free) on the centennial of the city... etc

The only ones who have brought me a concrete support (offering me a plane ticket so I could assist to the opening of my own exibition) were the members of the French institute. My kind regards to them.

Later on, I have been often called by various communities and gouvernemental agencies willing to use my work for their communication on the centennial. Same old story "no budget". I even had propositions to just sent a CD for a slide show so they won't have any expenses, even not for my presence...

I started to believe that all these people were pretty well paid every month in order to look for the work of artists who don't need to make a decent living from their work.

The problem has never been to find structures enthousiastic about this author's work. The real difficulty has been to find a single strucure able to realize that an artist has the very basic need to put something into his plate!

The negatives were burned... A video can be seen on YouTube, a lawyer attempted to certify the act.

Will stay only the twelve large format silver gelatin prints (60x90 cm). Four of the prints in the edition of two, the other eight prints in a unique edition.

 

PS// Along with this act, I am looking for the testimonies of professional photographers who have to stand these abuses from the medias or other cultural structures.

Let's not forget that behind every picture, there is a person...

-------------------------------------------------------------------

Video de la destruction

Le 11 Janvier 2010, j'ai finalement l'intégralité des négatifs originaux de la série, soit dix-sept planches de 36 poses NB.

Après avoir travaillé pendant plus d'un an sur ce projet, il m'apparait aujourd'hui nécessaire d'attirer l'attention d'un certain public sur la signification de ce geste.

Plus d'une année de travail, deux séjours pour les prises de vue, un nombre faramineux d'échanges avec des institutions publiques et privées pour... RIEN de significatif.

Ce qui me semble paradoxale, c'est en fait le fossé entre l'appréciation dont ce travail a bénéficié et le non-engagement des structures censées soutenir la création, et par conséquent les artistes.

Sans rentrer dans le détail avec une liste complète des mésaventures vécues, je veux tout de même apporter quelques explications.

J'ai bien évidemment accepté un certain nombres d'engagements gratuits visant à donner le plus de visibilité à ce travail avant de finalement me rendre compte du vampirisme systématique de la part de toutes les structures qui se sont intéressées à ce projet.

Dans tous mes contacts, le travail était perçu de manière extrêmement positive, voir indispensable mais la réponse était toujours la même: "nous sommes désolé, mais nous n'avons pas de budget pour vous payer". Ce qui, à une époque, représentait les limites du système est semble-t-il devenu aujourd'hui UN système...

Cela a donc mené à l'accrochage d'une partie de la série au Musée d'Art Moderne de Tel-Aviv pendant trois mois, au siège de la plus importante compagnie d'assurance Israëlienne pour la totalité des tirages pendant deux mois, à de nombreuses publications dans une presse souhaitant communiquer (gratuitement bien sur) sur le centenaire de la ville... etc.

Les seuls a m'avoir finalement apporté un soutien concret (en m'offrant un billet d'avion me permettant d'assister au vernissage de ma propre exposition...) ayant été les membres de l'institut Français de Tel-Aviv. Je les en remercie à nouveau.

J'ai été ensuite souvent appelé par des communautés ou des agences gouvernementales souhaitant utiliser mon travail pour la communication du centenaire ou des expositions. Toujours le même refrain "pas de budget". L'on m'a même proposé une fois de n'envoyer qu'un CD pour réaliser un diaporama ne nécessitant aucun investissement matériel, sans même imaginer indispensable ma présence lors de l'évènement.

A croire que tous ces gens n'étaient payé chaque mois que pour chercher les travaux d'artistes qui n'ont pas besoin de vivre de leur travail.

Le problème n'a jamais été de trouver des structures s'enthousiasmant pour ce travail d'auteur. La difficulté a été (et reste encore) de trouver une seule institution capable de réaliser qu'un artiste a le besoin très basic de mettre quelque chose dans son assiette.

Les négatifs ont donc été brûlés... une video est disponible sur YouTube, un huissier a témoigné de la chose.

Ne resteront que les douze tirages barytés originaux (60x90 cm). Quatre des images existant en deux exemplaires, les huit autres en exemplaire unique.

PS// A travers cette action, je cherche aujourd'hui à recueillir les témoignages des photographes professionnels qui ont eu à subir les abus des médias et autres structures culturelles.

N'oublions pas que derrière chaque photographie, il y a une personne!

 

-------------------------------

Texte de Pierre Assouline paru dans l'édition week-end du Monde (24 décembre 2009)

Merci à lui...

" Tout autodafé est singulier mais celui qui se déroulera le 11 janvier 2010 à Chalon-sur-Saône le sera davantage encore. Car s’il arrive de voir anéantir une œuvre, il est rare que son propre créateur en soit le destructeur. Sauf douteux happening, ce qui n’est pas du tout le propos. Ce jour-là, le photographe français Jean-Baptiste Avril–Bodenheimer brûlera publiquement les négatifs originaux de la remarquable série en noir et blanc qu’il a consacrée à l’architecture Bauhaus de Tel Aviv. Soit 17 planches de 36 poses chacune. De cette série, l’artiste ne veut conserver que 12 tirages barytés originaux de 60 x 90 cm, certaines images en double exemplaire, la plupart en exemplaire unique, qu’il mettra en vente. De cette aventure, il ne lui restera que des scans de ses images.  Ca s’est donc passé en Israël mais le photographe prévient d’emblée que cela pourrait se passer aussi bien n’importe où dans le monde en Europe ou aux Etats-Unis. Ce n’est pas le lieu qui importe mais le geste qui dénonce un principe. Il entend ainsi frapper les esprits par un acte symbolique. Il s’agit rien moins que d’alerter l’opinion sur des dérives qui sont devenus le lot quotidien des artistes : « Ce qui était à une époque les limites d’un système est devenu aujourd’hui un système et c’est partout pareil » dit-il.  Il avait travaillé un an à cette série, sous les encouragements. Une fois achevée, il l’exposa, sous les applaudissements. Que des photos d’une exigence et d’une rigueur remarquables par leur fidélité à une esthétique. Et après ? Rien. De toutes les institutions privées et publiques qui avaient suivi son travail d’auteur, aucune n’a rien trouvé à redire : toutes l’en ont félicité mais aucune ne l’a soutenu financièrement. Pour lui donner davantage de visibilité, il avait accepté de la publier dans la presse et de l’exposer gratuitement pendant des mois au Musée d’art moderne de Tel Aviv et au siège de la plus grande compagnie d’assurances israélienne. Jusqu’au jour où il s’aperçut qu’il était systématiquement vampirisé. De partout, on lui demandait son œuvre pour les cérémonies du centenaire de la ville, mais partout on assortissait la demande de la même réponse désolée : « Pas de budget… ». Les mêmes, qui auraient jugé scandaleux que leur salaire ne leur fût pas versé le dernier jour du mois, trouvaient normal que des artistes travaillent pour rien : c’est bien connu, ceux-ci se nourrissent de l’air du temps et s’enivrent de l’esprit de l’époque. Il n’y eut guère que le dynamique Institut Français de Tel-Aviv pour lui offrir un billet d’avion afin de lui permettre d’assister au vernissage de l’une de ses expositions.

 Le 11 janvier 2010 donc à Chalon sur Saône, ça sentira le négatif brûlé. Un feu qui ne sera pas de joie sous l’objectif d’une caméra qui filmera une disparition  et d’un huissier de justice qui l’attestera. Jean-Baptiste Avril-Bodenheimer ne s ’y est pas résolu de tout cœur ni par une recherche de la publicité ou par goût du tapage médiatique. Tout son travail depuis vingt ans le situe aux antipodes d’un tel travers. Il ne le fait pas pour lui, ni seulement pour les photographes, mais pour les créateurs. C’est le seul moyen à sa disposition pour rappeler à la société que l’oeuvre d’un artiste représente du travail, et que ce travail-là aussi se paie. L’avertissement est on ne peut plus opportun à l’heure du grand débat mondial sur la gratuité des œuvres de l’esprit dès lors qu’elles sont en ligne.

 Cela dit, un autodafé rappelle toujours de mauvais souvenirs. Ceux des inquisiteurs du Moyen-Age précipitant blasphémateurs non repentis et convertis insincères au bûcher. Ceux des sections d’assaut hitlériennes brûlant les livres d’auteurs juifs, communistes ou antinazis. Le mot vient du portugais auto da fé, mais il faut naturellement chercher son étymologie dans le latin actus fidéi qui signifie « acte de foi ». Ce qui est exactement le cas."

Publicité
Publicité
Commentaires
L
C'est brûlé ?
Tel-Aviv 100
Publicité
Albums Photos
Newsletter
Publicité